Critiques

Etudes artistiques aux Beaux-Arts de Toulouse et de Paris ; Titulaire d’une maîtrise d’arts plastiques, elle a enseigné à Paris pendant douze ans… puis les hasards de la vie l’ont emmenée à vivre dans l’île dite de Beauté et à y professer plus de dix ans. Mais elle avait la peinture en tête – sans parler de l’écriture – et fait sa première exposition en 1989-90 à «La Marge», Ajaccio, espace d’exposition où ont défilé beaucoup de grosses têtes, y compris Ben, Corneille, Velikwovyc … Elle a participé également aux grandes «foires de l’art» dont les Salons de Mai, Comparaison, le Bazacle, l’Espace Montauriol, les Voûtes Poyennes …

Pourtant la peinture de Françoise Serieys est d’une discrétion extrême, mais d’une science non moins remarquable. Fanatique du papier sous toutes ses formes, elle a inventé sur ses toiles tout un système de transferts à partir d’images détournées – collages et décollages, déchirures, retournements – basé sur la notion du double, car y éclatent presque constamment des textes tracées de sa fine écriture, textes «censurés» dit-elle, c’est-à-dire rendus presque illisible par des effacements, des balafres, des ratures.

En un mot, Françoise Serieys est-elle un peintre – oh ! combien attachant – ou un écrivain underground dont l’écriture nous interroge aussi ?

– Geneviève Bonnefoi, critique d’art


De ses origines albigeoises, race taciturne et inquiète, jamais satisfaite des modèles rassurants qu’on lui propose, Françoise Serieys garde le goût des exigences inassouvies, promptes aux négations radicales comme aux affirmations souveraines. Par leur caractère foncièrement contradictoire, leur refus de l’option commode, certaines de ses œuvres évoquent irrésistiblement les interrogations métaphysiques d’un Jules Laforgue. Dans notre univers submergé par le raz de marée de l’image dérisoire et dénuée de sens, quelques-uns, comme Françoise Serieys ont au moins le mérite de ne pas céder à la tentation des effets faciles, des couleurs qui palpitent et du clinquant mystificateur. Leur exigence sans limite n’a d’égal que le refus des sollicitations superficielles. Peut-être leur vérité est-elle trop personnelle pour qu’ils cherchent sérieusement à nous en faire part sans la précaution du déguisement ? Mais qu’est-ce que l’art, justement, depuis toujours, si ce n’est ce déguisement ?

– Lionel de Melon, journaliste et écrivain